Suite à la publication de son premier roman Mélie Maginaire : Le Miroir Vole-Vouloir aux éditions Sarbacane, Noémie nous raconte comment est né ce projet, de l’écriture à la publication. Une interview menée par Perrine, avec quelques questions bonus de Juliette.
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Noémie, ton roman Mélie Maginaire et le Miroir Vole-Vouloir a été publié sous ton nom de plume, Noémie Buissonnière, aux éditions Sarbacane le 20 août 2025 dans la collection Pocus, une collection de « premiers romans ». Ce n’est que le début de l’aventure, puisque ce roman est le premier d’une série qui raconte les aventures d’une jeune enquêtrice.
Pour commencer, peux-tu nous présenter Mélie Maginaire, ton personnage principal ?
Mélie Maginaire, c’est une petite fille pas comme les autres. En plus d’être une enquêtrice hors pair, elle a une faculté bien spéciale : elle voit le monde magique ! Il est donc tout naturel qu’elle s’occupe des enquêtes qui se glissent entre le monde magique et le monde des humains. Et elle n’a pas froid aux yeux (c’est le moins qu’on puisse dire), ce qui peut parfois lui jouer des tours…
Mais Mélie n’est pas toute seule. Que serait-elle sans son fidèle teckel Hector Baskerville et sa meilleure amie fantôme so british, Philipa Fairfax ? C’est ce fabuleux trio qui élucide les mystères.
Comment est née l’idée de cette série ?
Tout est venu du nom « Mélie Maginaire » (qui d’ailleurs s’appelait Amélie Maginaire au début, mais que j’ai dû changer pour ne pas faire doublon avec un autre personnage jeunesse qui existait déjà – Amélie Maléfice).
J’avais trouvé le nom de Mélie Maginaire, donc, plusieurs bons mois avant d’en faire quelque chose. Je faisais alors des jeux de mots avec mon copain de l’époque. J’ai vraiment aimé sa sonorité et ce qu’il évoquait. Je l’ai noté dans un coin et quelques saisons sont passées. Parfois, je me souvenais de ce nom et je me demandais qui pouvait bien être cette « Amélie Maginaire ». Et puis vint le moment où je me suis cassé les malléoles. Un moment fort agréable… Cependant, ce fut idéal pour écrire ! « Mélie Maginaire » m’a alors appelée. Là, tout est venu très vite ! L’histoire, les idées, les personnages. Ça s’est déroulé tout seul.
Qu’est-ce que tu aimes dans l’écriture de cette série ?
C’est franchement dur à dire ! Tout est extrêmement lié. Mais j’adore créer à partir du folklore du fantastique et de l’imaginaire. C’est tellement vaste. Et c’est tellement amusant de reprendre tout ça de manière décalée ! J’ai vraiment de quoi faire ma petite cuisine pour en sortir des personnages, des êtres et des rebondissements complètement loufoques.
Peux-tu nous raconter ton parcours pour être éditée ?
Tout a commencé avec un refus. J’avais d’abord envoyé un précédent projet que mon éditrice, Marie-Caroline Guiberteau, n’avait pas voulu éditer. Cependant, elle m’avait répondu avec un long mail détaillé, dans lequel elle donnait plein de qualités à mon écriture, malgré le refus, ainsi qu’une envie de recevoir d’autres projets de ma part. C’est donc en réponse à ce mail que j’ai envoyé Mélie Maginaire. Ça lui a beaucoup plu, et elle m’a proposé un appel pour en discuter.
Elle m’a alors dit qu’elle imaginait ce roman pour une nouvelle collection de Sarbacane. Une collection de premiers romans, pour les 7-9 ans, dont l’idée était d’éditer des romans de maximum 50 000 signes. Or le projet que j’avais envoyé en faisait le double.
Après réflexion, j’ai accepté de modifier mon roman, d’autant que mon éditrice voulait prendre ce projet dans une perspective de série (et donc avec la possibilité d’étaler aussi la suppression des éléments du roman dans les prochains tomes).
Une fois modifié, je lui ai envoyé et j’ai attendu. Cela a mis plusieurs mois avant d’avoir une réponse définitive ! Mais quand elle me l’a confirmé, pendant l’été 2024, j’étais folle de joie. Là, on a signé les contrats pour les deux premiers tomes, et c’était parti !
Lis-tu beaucoup de romans pour enfants ? As-tu des auteur·ices préféré·e·s ?
J’en lis assez souvent oui ! Parfois, je m’en prends une pile à la bibliothèque et je me fais un petit marathon lecture jeunesse.
Pour mes auteur·ices préféré·e·s… je dirais Lemony Snicket (ou Daniel Handler), l’auteur des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, Claude Ponti, et Mélanie Rutten.
As-tu déjà une idée de la suite des aventures de Mélie Maginaire ?
Eh oui !!! Le tome deux est déjà passé en maquette, il devrait sortir début d’année 2026. Pour la suite, on verra, mais j’espère faire vivre d’autres aventures à Mélie Maginaire !
Est-ce que le fait d’être publiée a changé quelque chose à ta manière d’écrire des histoires ?
Je pense que, plutôt que le fait d’être publiée, c’est le fait d’avoir travaillé mon texte en vue de l’édition, accompagnée par mon éditrice, qui a sans doute un peu modifié ma manière d’écrire. Après c’est toujours difficile de s’en rendre compte ! Je crois que ma manière d’écrire est de toute façon en constante évolution.
Ton roman est illustré par Alice Morentorn. Est-ce toi ou la maison d’édition qui a choisi l’illustratrice ? Qu’est-ce que cela t’a fait de voir tes personnages dessinés ? Ressemblent-ils à ce que tu avais en tête ? As-tu pu échanger avec l’illustratrice ou as-tu découvert les dessins une fois qu’ils étaient terminés ?
Ce n’est pas moi qui ai choisi l’illustratrice, c’est mon éditrice. C’est une part créative de son travail éditorial de faire le lien entre auteur·ice et illustrateur·ice, et elle le fait très bien. Du coup, je n’ai pas beaucoup échangé directement avec l’illustratrice, mais j’ai pu communiquer mes envies et quelques idées par l’intermédiaire de mon éditrice qui ont été prises en compte. Parfois, elles me demandent mon avis si elles ont un doute aussi, mais globalement, je laisse Alice Morentorn travailler et je découvre les crayonnés vers la fin du processus.
Mais voilà, le dialogue a été fluide et le résultat me met des paillettes dans les yeux ! Ça m’émerveille de découvrir mon univers dessiné ! C’est vrai que pour certains personnages, j’ai pu être un peu surprise, mais pas dans le mauvais sens du terme. C’était juste étonnant de voir comment une autre personne percevait mon univers.
Personnellement, je suis fan de tes titres de chapitre, qui annoncent dans les grandes lignes ce qui va se passer et nous font la promesse qu’on va bien s’amuser. Un exemple : « Où Mélie Maginaire met ses parents au lit, puis appelle un être très très effrayant ». Comment as-tu eu l’idée de ces titres humoristiques ?
Ça m’a toujours fait énormément rire ! J’en ai lu, je crois, dans Les chroniques du disque monde de Terry Pratchett, dans Billy Blaireau de Allison L. Kennedy et d’autres ! Au début, je les ai faits comme un exercice d’écriture et puis je me suis vraiment prise au jeu… du coup, j’ai décidé les garder !!
Dans ton roman, on croise une fantôme, une cheffe des officielfes, et ton héroïne est une enquêtrice. C’est important pour toi de féminiser l’imaginaire des enfants ?
La réponse est oui, bien sûr ! On sait que le genre masculin est largement surreprésenté dans les personnages de la littérature jeunesse, aujourd’hui il me semble qu’on est encore sur du 62 % de personnages masculins (contre 38 % de personnages féminins), et avec dans tout ça des représentations caricaturales des stéréotypes de genre. C’est une nécessité de changer ça, et j’y porte de mon côté une attention particulière. Les fictions et les récits qu’on lit sont très importants dans la construction de notre rapport au monde, c’est pourquoi il est primordial de proposer des histoires qui changent des habituels clichés, notamment aux enfants. J’essaie par ailleurs de montrer différentes féminités et masculinités, de sortir des lieux communs à ma manière (et parfois je me rends compte que j’en laisse ! C’est un travail de tous les jours à renouveler sans cesse).
Quelles sont, selon toi, les spécificités d’un roman pour les 7-9 ans ? Comment as-tu intégré ces contraintes à ton écriture ?
C’est une question compliquée pour moi, j’ai l’impression d’être encore en train de chercher ! Toutefois, il y a des contraintes spécifiques à la collection Pocus qui demandent de faire des romans d’un maximum d’environ 50 000 caractères, et des chapitres assez courts également.
Pour moi, arriver à trouver la bonne formule s’est construit en concertation avec Marie-Caroline Guiberteau, mon éditrice. Nous avons eu beaucoup d’échanges très enrichissants qui m’ont bien guidée. Et pour le premier tome, il y a eu quelques réécritures (car je n’avais pas du tout le format adéquat à la base) !
L’idée a été de travailler le rythme. De reprendre la longueur des chapitres pour qu’ils soient courts, afin de captiver le lecteur et la lectrice sans les fatiguer.
J’ai aussi dû trouver le bon nombre de personnages (hélas, j’ai dû dire au revoir à certains).
Et puis, je pense qu’il est important d’arriver à écrire des personnages qui deviennent vivants dès la première ligne. Il faut qu’en très peu de mots, on ait tout ce qu’il faut pour se les imaginer. Ça passe en particulier par la création des noms (ce n’est pas pour rien que l’aventure de Mélie Maginaire a commencé par son nom !)
Mais je crois que l’idée principale pour cette tranche d’âge, c’est d’aller vers l’essentiel, tout en gardant une grande fantaisie dans le texte (notamment les digressions, partie intégrante de mon texte). C’est un peu comme faire des crêpes. C’est une recette simple. La crêpe, ça reste une crêpe ! Mais on peut ajouter plein d’ingrédients dessus pour rendre ça incroyable !
Si tu devais choisir une citation, ou un extrait du texte, lequel choisirais-tu ?
Je vais choisir de donner l’eau à la bouche en mettant le tout début !
« Mélie Maginaire, tout humaine qu’elle était, possédait une intuition hors du commun. Et ce jour-là, elle sentait que quelque chose se tramait. C’était pourtant une journée banale et sans saveur : il n’y avait pas d’orage qui crépitait au loin, les corbeaux ne croassaient pas lugubrement, et aucune bourrasque n’avait ouvert dans un grand bruit de ferraille les portes rouillées du cimetière. Toi-même, cher petit monstre, tu serais peut-être passé à côté, mais Mélie Maginaire était très douée pour sentir ces choses-là. »
Mélie Maginaire n’est pas une fillette comme les autres : d’abord, elle voit toutes les créatures magiques, même celles qui se cachent sous les lits, dans les greniers et derrière les chaudières. Puis, c’est une enquêtrice hors pair ! Avec Hector Baskerville, un chien aux bonnes manières, et Philippa Fairfax, une jeune fantôme, aucun mystère ne lui résiste. Alors quand un miroir qui hypnotise les gens disparaît, Mélie Maginaire part à sa recherche. Mais attention, le coupable n’est jamais celui que l’on croit…
Mélie Maginaire : Le Miroir Vole Vouloir, Noémie Buissonnière (autrice), Alice Morentorn (illustratrice), éd. Sarbacane, 2025.


