Toute ressemblance avec des faits existants ou des personnes existantes ou ayant existé n’est absolument pas fortuite. Après avoir attendu le train presque trente minutes dans le froid, je peux enfin m'installer. J'ai six heures de trajet et une bonne sieste de...
Ils ont été aperçus aux abords des cours d’eau, dans les forêts et sur les plages de sable fin. Ils ont quatre becs, six pattes, plus de deux ailes souvent. Leurs couleurs ne s’accordent pas, leurs chants si parfois. Ils sont comme vous et moi…
Ce sont les drôles d’oiseaux.
Au programme : une lecture musicale collective, puis un texte par semaine… Allez, on s’envole pour notre première migration.
Vols planés
Franchement
D’accord, j’ai peut-être fait une connerie. C’était peut-être un peu excessif de leur dire d’aller se faire mettre. D’autant que je dis pas ça au sens littéral, hein, ça me regarde pas ce qu’ils font de ce côté-là. Non, ce que je voulais leur dire, c’est que… c’est...
Nuits blanches
À Kentarô Miura Regarde bien depuis le seuilMa chambre voûtée de visages Tu as alourdi le soleil de viscèresPour que le soir tombe plus viteTu as dénudé toutes les forêtsPour craindre ceux qui mangent le ciel Ne me réveille pas je rêveDes interstices griffent le...
Grain
[dsm_text_divider header="Temps d'écoute : 4 minutes" text_alignment="right" color="#000000" text_gap="6px" _builder_version="4.9.1" _module_preset="default" header_font="Assistant||on||||||" header_text_align="center" header_text_color="#474747"...
Les choses de peu d’importance
Les guêpes agglomérées sur le kouign-amann de la boulangerie de la vieille ville. Les discussions dans la librairie aux rayons ectoplasmiques. Les dimanches enrubannés des trois desserts à la suite, au brunch — mais oui tu sais, celui au cœur de la rue dévorée par...
Jack
Je me réveille en sursaut ce matin-là. Je me suis endormi dans le parc, encore. Je suis tout bonnement gelé. De loin, j’aperçois des enfants qui jouent vers les balançoires : deux garçons et une fille, des frères et sœur, sûrement. Ils ont tous un chapeau ridicule...
Derrière tes mots
Néon 6000K °La nuit est tombée si vite que je n’ai pas eu le temps de m’habituer à la pénombre. L’hiver arrive. Le froid de la nuit d’hiver[1]. L’obscurité bouffe les choses, elle les renvoie au néant, avec moi et l’état de ma création littéraire[2]. Le vide....
Engagement
Poème déclamatoire Oui, mon cœur, je m’y engage ! Atout cœur À bras le corps Je mets mon cœur en gage Je mets mon corps en gage Pour toi Tout ton être Je promets Devant Dieu Oui je jure Vœu de fidélité pour toi Je m’en gage Cœur à cœur Corps à corps Je m’enfonce dans...
Songes habitables
Peinture armorigène par Jean-Claude Charbonnel À Virginia Tentindo et les anagrammes corporelles de ses statues Touche-moi Ma peau est douce comme une flamme et mon corps entier brûle de désir Touche-moi Je cache en moi ma jeunesse et ma mort ma réalité et mes...
Différent

Il a toujours été comme ça, mon drôle d’oiseau. La tête dans les nuages, toujours à papillonner. Manque d’attention, selon ses instituteurs. Mais je sais, moi, qu’il a juste mille scènes qui se jouent dans son esprit. Là où l’on voit un nuage, lui imagine un château fort, la rivière se transforme en monstre aquatique et les arbres en guerriers géants de Gaïa. Son imagination n’a pas de limite. Sa bizarrerie non plus, mais j’imagine que, quand on est différent comme il l’est, on ne peut pas le cacher. Il n’essaye pas et j’en suis heureuse. Il n’essaye pas, parce qu’il ne voit pas sa différence. Pour lui, tout est spécial, tout est incroyable, chaque découverte représente un nouveau défi, une nouvelle source d’idées. Il est insatiable.
— Maman ?
Je lui souris, de loin. Il me fait un grand signe de la main en s’esclaffant, comme si mon sourire lui avait soufflé des mots que je n’ai pas prononcés. Je l’aime tellement. Quand il était nourrisson, alors qu’il était déjà différent, je le bordais tous les soirs en lui chantant une berceuse. Chaque soir une nouvelle. Je passais des heures à en trouver, parfois même je les inventais, faute de mieux. Mon drôle d’oiseau a toujours préféré celles-ci, sans savoir qu’elles venaient de moi, vraiment de moi. Je chantais, et après avoir fini, je me blottissais un instant contre lui. Quelquefois, je le serrais contre moi. Si fort que, par moments, j’avais peur de briser ce petit corps malingre qui abrite cet esprit incroyable.
— Maman !
À nouveau je souris et, à mon tour, fais un signe de la main. À nouveau, il rigole. C’est un son qui fait écho à ses tendres années. Un son aigu et maladroit, qui trahit à lui seul la différence de mon fils. Je l’admire avec toute la tendresse que j’éprouve pour lui. Je sais qu’il n’en souffre pas, mais parfois, j’aimerais le protéger du regard des autres. À l’école par exemple. Comme son père a choisi de l’inscrire en école publique, mon oiseau se retrouve au milieu des fauves. Et à mon grand malheur, la communication n’étant pas son fort, je ne sais pas comment ça se passe. Les instituteurs me promettent qu’il s’intègre bien, oui, qu’il discute avec les autres, il a même une amie avec qui il est souvent. C’est la petite Sophie. Elle est en situation de handicap, sourde-muette. J’imagine qu’ils font la paire, tous les deux, et dans mes cauchemars, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer les autres les juger.
Ça me rend folle, cette impuissance. Mon mari dit que le gosse est heureux comme ça, que ça ne sert à rien de paniquer, on ne peut rien y faire de toute façon. Ma psychologue me conseille de lâcher prise. Et moi dans tout ça ? Et lui, dans tout ça ? Je ne sais pas ce qu’il pense, comment il pense, ce qui occupe ses pensées. Une ignorance qui me rapproche des autres mères, moi qui suis devenue différente lorsque j’ai donné naissance à ce fils.
— Maman !
Il a trouvé un escargot qu’il me montre fièrement. Écrasé de ce que j’en vois. Mon garçon n’a pas une grande adresse, c’est vrai, mais il n’est pas méchant. Quand il va se rendre compte qu’il a tué l’escargot, il va sûrement se mettre à paniquer. Je vais m’approcher de lui, je m’apprête à le rassurer. C’est le devoir d’une mère, et le fonctionnement particulier de mon fils ne change en rien le mien. Si un jour quelqu’un cherche à faire du mal à mon oisillon, on se rendra compte que celle qui lui a donné naissance est une lionne prête à tout pour protéger son petit. Je serai cette lionne, comme toute mère, à la seule différence que mon fils aura besoin de moi jusqu’à sa mort. J’ai fait la paix avec ça depuis longtemps. On choisit d’être mère, mais être celle d’un enfant autiste nécessite une dévotion peu commune, un amour sans limites qui met du temps à naître, même si c’est difficile de l’avouer. Son père comprendra ça lui aussi, il faut juste du temps.
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Première migration
Drôles d’oiseaux
Plumes recomposées
Quelques plumes nous ont échappé au cours de notre migration. Juliette les a ramassées pour recomposer un duvet d'un tout autre acabit. Petit poème bonus pour clore notre premier vol. J'ai beaucoup réfléchi Que symbolisait cette valise sinon un désir de départ...
Ils sont là, quelque part…
Ils sont là, quelque part… Dans les yeux Près du cœur Sous les cieux Ou ailleurs Ils sont là Triomphants Malheureux Solitaires Amoureux Ils sont là Quelque part… Dans l’infiniment grand L’intimement petit En couleur Ou en gris Ils sont là Battant chaque mesure Ou bien...
Baignade
Ma pensée se déroule comme la rivière dans laquelle j’ai glissé mes pieds. Elle coule sans arrêt, se précipite ou bien se laisse porter, toujours vers une destination inconnue. Par moments, tout va plus vite, elle est entraînée par elle-même. D’autres fois, c’est la...
Rouge
On a couru le long de la rivière, et l’allée était peuplée de citrouilles. C’était un mois trop tôt. Les pierres glissaient sous nos pieds, elles dégringolaient dans l’eau glacée. On s’est perdus de vue dans le tumulte, mais on savait qu’on se retrouverait, au bord de...
Le nid
Le soir venu, l'oiseau fait son nid. Il aura pris soin, au préalable, de choisir l'endroit. Il aura inspecté tous les arbres environnants, étudié l'inclinaison, éprouvé la solidité du tronc — il ne faudrait pas se retrouver par terre ! Il aura ensuite rapatrié ses...
Fuite en avant
C’était un lieu étrangement vide. Il n’y avait que deux vieilles barques de presque trois mètres de long, posées au milieu de la pièce et on devait les regarder avec intérêt pour montrer notre grandeur d’esprit. J’avais payé 15€ l’entrée de ce musée coloré, certes...
Il y a quelque chose
Il y a quelque chose Il y a quelque chose De plus dans ton regard Quelque chose d'ouvert Quelque chose qui ouvre Il y a quelque chose Qui lave tout ce que Tes yeux peuvent toucher Et que le temps salit Il y a quelque chose Que tu veux m'enseigner Sur nous deux sur...
J’ai rêvé qu’il y avait un demain
On a pris la voiture, quelques affaires, c’est tout. On n’a pas réfléchi. Enfin… On a bien galéré une heure, penchées sur le GPS. Pourquoi voulait-il nous faire passer par des routes aussi improbables ? Tu l’as copieusement insulté. J’en ai rigolé, doucement. Je ne...
Le club des drôles d’oiseaux
22 octobre 2019 Cher journal, j’ai beaucoup réfléchi. C’est vrai que je n’ai pas d’amis, mais au collège on est plusieurs à ne pas en avoir. Alors je me suis demandé pourquoi tous ceux qui n’ont pas d’amis ne deviendraient pas amis. J’ai décidé de former un club,...
Lecture musicale : drôles d’oiseaux
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