
À Kentarô Miura
Regarde bien depuis le seuil
Ma chambre voûtée de visages
Tu as alourdi le soleil de viscères
Pour que le soir tombe plus vite
Tu as dénudé toutes les forêts
Pour craindre ceux qui mangent le ciel
Ne me réveille pas je rêve
Des interstices griffent le corridor
D’innombrables yeux bourgeonnent dans la pierre
Des rôdeurs édentent la nuit
Tu m’as montré une sagesse dans la férocité
Une raison aux contes et aux présages
Et tu m’as confié une épée
Pour fendre la raison
Et les nuits noires que tu m’as volées
Et les confessions que je ne t’ai pas rendues
Et les mythes que tu as engendrés
Sont parents de ma mission profane
Ne me réveille pas je rampe dans la boue
En comptant les moutons qu’on a tondus dans le ciel
Je poursuis le vortex qui a englouti le sommeil
Je rêve que je ne rêve plus
Le monde idéal est une bougie
Dorlotée par un oeuf difforme
Et le feu gagne l’autel des divinités
Le monde idéal est une bougie à l’envers
Ne me réveille pas les réverbères doivent brûler
Au matin ton âme aura quitté ses os
Seule la lune pleine saura
Pourquoi la rosée pleure encore
Ne me réveille pas j’ai encore à apprendre
J’ai encore à me taire
Pour que le seuil reste silencieux
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