
Temps d'écoute : 4 minutes
Pour sa première carte blanche,
Juliette a choisi d’explorer les contrées de la poésie orale
et de jouer avec les rythmes, les sonorités, les sens.
Un voyage audio et musical dans l’infiniment petit…
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Écriture et Mise en voix :
Juliette
Musique et Réalisation audio :
Théo
Disponible également sur Soundcloud.
fuit
s’écrase
reluit
se disperse
chante sous le vent
mouillé
je trace
asséché
je décolle
les jours de cers
je fouette vieilles peaux et jeunes gens
je réfléchis
intensément
surtout la lumière
ramollis l’ambition
et la chair
exècre les chiens
et grille les plantes
égraine les espoirs
les déçus
les tenaces
les tout juste nés
j’avive les piqûres
sur lesquelles il faudra pisser
je suis
parcelle particule
celui qui précède
sans qui rien n’existerait
malgré moi
j’amasse mes semblables
je suis
grain de sable
*
j’en ai vu passer des vagues
sur mon front de mer
elles m’ont roulé
mis à l’envers
elles ont creusé
le sillon de mes envies
elles m’ont rapiécé ou poli
depuis
j’ai la tête dure
les idées droites
je tiens ça de mon quartz originel
si je crisse sous la dent
c’est pour qu’on me laisse au ban(c)
mais fallait
que tu croises ma route
que t’allonges ton flegme
sur mes doutes
maintenant
je n’y tiens plus
la grève me tient en tenaille
je veux partir
remuer tes entrailles
alors oui
je suis celui qui va gripper ta mécanique
me glisser dans tes rouages
pour chercher le déclic
tu vois le bonheur
ça rape
ça ripe
ça fait sauter le boulon
ça met tout à l’arrêt
mais allez
qu’est-ce que c’est bon
quand nous serons
arrachés à la falaise et saisis par la houle
sens dessus dessous
la tête dans le goémon
on sera vibrants et surtout moins cons
alors oui
j’ai un grain une fêlure une follerie
en fait j’ai un grain de toi
ça te fait peur sans doute
mais
la vie sans averse
pour remplir nos cœurs
ça serait quoi ?
ça manquerait de sel je crois
*
de sel
de riz
de poivre
de café
de poussière
de sable
de millet
qu’il soit
entier
concassé
torréfié
grossier
qu’il
germe
mûrisse
fermente
ou monte au nez
se sème
à tous vents
se récolte
gaiement
qu’il soit
indiscret
menaçant
fou
saillant
nuisible
taché
photogénique
métrique
bretonnant
ou poreux
je le mouds
j’y veille
je le trie
je l’ai
dans
la voix
la peau
la tête
les mains
il me
semble
que j’ai
un grain
*
alors c’est bon tu viens ?
laisse-toi semer
viens graminer
je voudrais qu’on se laisse en jachère
et qu’en nous pousse l’ivraie
après tout
il n’y a ni bon ni mauvais
nous serons la texture
et l’aspérité
ce qui ne se révèle
qu’au toucher
nous serons cette mesure des temps passés
la pulsion
l’émulsion
l’incroyable invention
nous ferons l’éloge du minuscule
eh oui !
les petits s’associent
quand les grands se bousculent
nous les taches
eux sans scrupules
« indélébiles ! » disent-ils
moi j’y vois surtout
de la joie
qui s’incruste dans la maille
et rejaillit à tout poil
hérisse pigmente et s’effiloche
faut être aveugle pour ne pas voir
que nous sommes des bombes à graines
qui explosent
vivaces tenaces
dans jardinières et champs de blé
voici venu
le règne
des grains de beauté
*
de sel
de riz
de poivre
de café
de poussière
de sable
de millet
qu’il soit
entier
concassé
torréfié
grossier
qu’il
germe
mûrisse
fermente
ou monte au nez
se sème
à tous vents
se récolte
gaiement
qu’il soit
indiscret
menaçant
fou
saillant
nuisible
taché
photogénique
métrique
bretonnant
ou poreux
je le mouds
j’y veille
je le trie
je l’ai
dans
la voix
la peau
la tête
les mains
il me
semble
que j’ai
un grain
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