
Juin 2022
Tu es là. Des mois qu’on t’attend, et tu es enfin là, tout près de nous. Tu es là, ma petite grenouille, avec tes cuisses et ton gros ventre, des petits yeux que tu peines à ouvrir. Qu’est-ce que c’est que cette lumière ? Qu’est-ce que c’est, la lumière ? Tu as tout à découvrir. On sera là, toujours, pour toi, à tes côtés. Tu es là, maintenant. Ta peau encore toute fripée contre la mienne, chaude et moite à cause de l’effort. Il y a Papa juste là, assis, et il joue avec son doigt énorme dans ta main. Il n’a plus de mots. Tu es là. Est-ce que c’est ce que tu avais imaginé ? Est-ce que tu peux déjà imaginer des choses ? Est-ce qu’on sera de bons parents ? J’espère que tu seras en bonne santé. Tu es là, la chose la plus belle que j’aie jamais vue, moi qui clamais il y a quelques semaines encore qu’un bébé, c’est moche quand ça naît mais c’est pas grave, on l’aime quand même. Tu n’as à mes yeux aucun défaut. Demain, peut-être, je t’en trouverai et Papa et moi on se moquera un peu de toi, de nous, avec plein d’amour. Tu es là, et tes pleurs tout à l’heure ont été le son le plus merveilleux du monde. Ta voix. Des mois que tu m’entends jacasser, que Papa te raconte des bêtises, que tu vis mon quotidien, mais nous, c’est la première fois qu’on t’entend. Rien que d’y repenser, j’en ai les larmes aux yeux. Des larmes de bonheur et d’excitation. Ce petit cri de chat, ces miaulements, ces adorables reniflements. Je m’en lasserai, évidemment, mais pour le moment je suis tellement heureuse que rien ne pourrait m’agacer.
J’écris ça alors que nous sommes fin janvier, je commence tout juste mon 5e mois, et mon ventre se voit enfin. Je commence à te sentir, à peine pour l’instant. À vrai dire, je ne sais même pas encore ton sexe, aussi peu important que ce soit pour Papa et moi. Papa et Maman. Ça me fait tout drôle de penser que, parmi mes nombreux statuts (fille, sœur, cousine, tante par alliance et j’en passe) je pourrai désormais compter celui de mère. Je suis aussi excitée qu’effrayée. J’ai hâte de te rencontrer, de te tenir dans mes bras et de te couvrir de baisers (Papa te câline aussi parfois, lové contre mon ventre). Et même si j’ai peur de mal faire, je me sais bien entourée, bien accompagnée pour cette nouvelle aventure, cette nouvelle vie qu’on partagera, toi et nous.
Alors j’écris à propos de ton arrivée en juin, pour me projeter, me rassurer et prendre mon mal en patience (déjà). Reste bien au chaud pour le moment, mon bébé, Maman et Papa prennent bien soin de toi et ont hâte de te rencontrer.
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